Prospective Bassin Versant

Scorff, Lorient. Géosciences Rennes, CNRS

Réalisation de cartes prospectives avec les données des scientifiques et de scenarios développés avec des participants habitants, bassin versant du Scorff.

Cette mission cartographique liée à un projet de recherche en sciences de la Terre vise à montrer les impacts issus de l’interférence entre pressions climatiques et anthropiques en fonction de différents scénarios climatiques et socio-économiques, définis en ateliers citoyens au cours d’une thèse en écologie (Elias Ganivet, dir. Laurent Longuevergne). Les cartes sont établies à partir de 3 scenarii qui discutent des impacts des modifications d’accès à l’eau, des modifications des paysages et des conditions d’habitabilité du territoire.

Puisqu’un des sujets de préoccupation principal est lié à l’eau, les cartes montrent comment les quantités d’eaux disponibles peuvent varier selon les usages et le types d’urbanisation, et comment cette variabilité est différente ou similaire en surface et en profondeur.

Etat existant – S0

Nous partons d’une carte S0 visualisant l’état actuel des effets des différents types d’usages sur la relation surface/souterrain. Pour cela, nous reprenons la carte de l’observatoire de Ploemeur Guidel (projet TERRA FORMA) qui a été établie avec les connaissances scientifiques (nexus capteurs-terrain-modèles) et qui montre essentiellement ce qui se passe dans le milieu souterrain : chemins et âges de l’eau à différentes profondeurs, réactions et échanges biogéochimiques, physique des roches et géologie (fractures, zone de contact), biodiversité, températures, infiltrations d’eau saline. Ces phénomènes sont corrélés avec les activités de surface : imperméabilisation des sols, pompage des nappes, transformation des zones humides et de l’étang. La carte se lit du centre vers la périphérie (surface/souterrain) et dans un sens anti-horaire qui correspond au trajet d’amont en aval des phénomènes du bassin versant jusqu’à l’océan. 

En amont (on peut ici considérer qu’il s’agit de Lorient), l’urbanisation à croissance rapide nécessite un pompage des eaux souterraines qui modifie les sens d’écoulement des eaux, ramène des eaux profondes et donc plus chaudes en surface et accélère les flux, tout en coupant la relation avec la surface (les eaux de pluies ne s’infiltrent pas sur les sols imperméabilisés et l’eau du milieu souterrain ne pourra pas remonter à la surface pour alimenter les rivières et les zones humides). Les zones agricoles laissent s’infiltrer du nitrate, contenu dans l’engrais obtenu à partir de la transformation de l’azote qui ne peut pas être capté par les plantes, mais qui est déversé en trop grande quantité sur des sols qui se lessivent (car sur utilisés). Ces apports de nitrate s’infiltrent dans le milieu souterrain par les fractures des roches et sont en partis utilisés comme nutriments par la biomasse souterraine – qui est un objet de recherche en développement et qui est difficilement visible en surface si ce n’est sous forme de biofilm dans les puits. Les zones humides reçoivent les apports d’eaux souterraines de différents âges et composition chimique selon leur durée de résidence dans les roches. La couleur rouille du fer contenu dans les roches est visible dans l’eau qui jaillit des puits artésiens ou même de la rivière, attestant de la présence de cet élément en grande quantité. La zone humide est ses prairies est menacée par le pompage des eaux souterrains, qui comme on le voit, dévoient les chemins de l’eau qui alimentent ces zones humides. Dans les sols de la forêt, on peut s’attendre à une épaisseur d’humus plus importante. On peut imaginer que les chemins de l’eau ne sont pas perturbés. La zone côtière est peu perturbée.

Transformation S7 – une zone côtière gentrifiée

Ce scénario accentue la disparité et la rupture entre l’amont et l’aval du BV, c’est-à-dire entre des zones côtières occupées par un urbanisme diffus et une population riche, et les interlands densifiée par une urbanisation verticale.

En Amont, le pompage des nappes s’intensifie et dramatise les effets existants. L’agriculture bien que réduite, est dopée au nitrate, entrainant une hausse des quantités dans le milieu souterrain dont on ne connaît pas les effets sur la biodiversité (est-ce qu’elle se développera avec cette hausse ou bien ne pourra pas absorber ? et donc se déversera dans les zones humides, rivières et étangs en quelques mois ?) Les eaux profondes étant excessivement pompées, elles ne pourront pas rejaillir en surface, entrainant un manque d’eau et donc l’assèchement des zones humides, mais aussi un apport d’eau jeune en surface, donc très peu chargée en minéraux des roches mais surchargée en nitrate, élément chimique importé. Il est à prévoir une grande modification des écosystèmes. Les sols plus secs entrainent un changement des espèces de la forêt. Une nouvelle station de pompage est créée dans la zone côtière suite à son urbanisation. Cette action non seulement dévie les flux d’eaux déjà perturbées mais aussi ramène des flux d’eau salée (présente sous les continents selon un gradient décroissant vers les terres) du fait de la proximité avec l’océan. Ceci peut rendre l’eau pompée impropre à la consommation et perturber complètement l’équilibre eaux claires/eaux saumâtres. La hausse de CO2 lié aux émissions des déplacements (notamment des voitures individuelles en zone côtière) entraine une acidification de l’océan qui peut aussi avoir un impact en retour sur les terres. 

INFO

MAITRISE D’OUVRAGE : CNRS, GEOSCIENCES RENNES, OSUR

ÉQUIPE : SOC / SHAA

MISSION : REALISATION DE CARTOGRAPHIES PROSPECTIVES DU TERRITOIRE DU SCORFF

LOCALISATION : BASSIN VERSANT DU SCORFF

PROGRAMME : MISE EN ESPACE ET REPRÉSENTATION DE SCENARIO D’EVOLUTION DE L’AMENAGEMENT DU TERRITOIRE

DATE : 2023-2024