Où atterrir?

Limousin, Arles, Ris-Orangis, Brézouard

Les Ateliers « où atterrir ? » mobilisent élus, habitants dit citoyens-experts, scientifiques, associations, et professionnels autour d’un outil « boussole » décisionnel visant à faire émerger des orientations politiques, des doléances à porter par le collectif ainsi constitué, dans chaque territoire où a lieu la recherche-action. Commandes de plusieurs institutions et villes. Avec notamment des agriculteurs dans la Région Limousin (2019-2020), des artistes à Arles (Fondation Luma, 2021), des élus et associations à Ris Orangis (Ile de France, 2022), et des membres de l’ONF, des agriculteurs, chasseurs et écologistes en Région Brézouard, Alsace (2023). 

Le territoire du XXIème siècle est un territoire abstrait, mais aussi réticulaire et multiple, d’où notre difficulté à le décrire, à le visualiser et à le représenter. La question du sol « qui se dérobe sous nos pieds » devient centrale dans la définition de notre rapport au monde. Le projet des NCD (Nouveaux Cahiers de Doléance) propose d’expérimenter une méthodologie de description de ce territoire du XXIème siècle à partir du terrain de vie (ou territoire de subsistance) de chacun d’entre-nous. En inventant un ensemble de procédures d’ateliers avec des citoyens-experts, Bruno Latour proposait de refonder la politique par le bas. Du livre manifeste « Où atterrir ? » s’est consolidé un travail de recherche action d’écriture de Nouveaux Cahiers de Doléance contemporains. De quelle manière cela intéresse-t-il l’architecture ? D’abord, OA (Où atterrir ?) questionne ce qu’est un territoire et sa visualisation. Puis, le projet OA interroge l’opérabilité de la concertation, une étape du projet devenue essentielle et dont le potentiel est encore largement sous-évalué. 

Détails

L’hypothèse qui motive la redescription des territoires est que le territoire où l’on vit et celui dont on vit (dont on dépend – de subsistance), ne se superposent pas, d’où le sentiment, parfois douloureux d’une perte de repères, de prises et d’effectivité de nos actions sur le monde. Se rendre capable de décrire son territoire, identifier les amis et les obstacles pour formuler des doléances partagées et parler politiquement avec son ennemi pour tenter de lui faire changer d’avis, permet une réappropriation du pouvoir d’agir, engendrant des capacités d’actions. Le premier outil inventé est la boussole, où les citoyens experts décrivent quelque chose dont ils dépendent et qui est menacée de disparaitre sur le territoire, puis se placent sur un abaque pour « mesurer » le degré de préoccupation puis d’action du reste du collectif par rapport à cette inquiétude. Le rôle de l’architecte se modifie quelque peu : il construit un espace politique éphémère qui pourtant rematérialise les conditions d’existence et d’habitabilité de chacun d’entre nous. Dans l’espace, sorte de « Parlement des choses », créé par la boussole, ce sont les trajectoires, les déplacements des amis et ennemis par nos actions qui comptent et qui permettent in fine de « s’orienter en politique. » 

OA invite un collectif constitué autour d’une préoccupation locale (« a matter of concern ») à redécrire le territoire, par une procédure incluant outils d’écriture, outils cartographiques (exemple des figures accordées) et scénographiques (notamment la « boussole »), prise de parole et constitution progressive de doléances portées par le collectif. Une doléance est composée de deux volets : la description d’une injustice vécue sur le territoire, et des solutions qui peuvent y remédier avec la liste (commentée et située) des entités alliées et ennemies à qui il faut l’adresser. Après le projet pilote dans le Limousin, shaā a poursuivi l’expérience dans 3 autres territoires : Arles, Ris Orangis et Le Brézouard (Vosges). OA à Ris Orangis a vu la remise de 2 doléances au Maire qui seront relayées au Grand Paris et à la Région. Stéfane Raffalli, Maire de Ris-Orangis, et Estelle Poly, directrice du cabinet du Maire, sont venus témoigner lors d’une conférence scientifique à l’ENSA Malaquais, Paris, de la résolution de doléances par la mairie au cours du processus et du changement de perspective politique qu’a permis le projet OA avec la mise en place d’un « Laboratoire des Doléances. » Nous avons déployé des méthodes d’écriture de doléances en collectif solides et partageables aux instances décisionnelles. Ces procédures s’écartent des dispositifs de concertation classiques car elles ne proposent pas un projet ficelé à l’avance à faire accepter mais par un processus de collecte minutieux, la procédure demande au collectif de déterminer et d’écrire un ensemble d’injustices vécues sur leur territoire et des solutions pour y remédier, en identifiant bien les amis et ennemis, les aides et les obstacles possibles.

INFO

MAITRISE D’OUVRAGE MULTIPLE : MINISTÈRE DE LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE ; VILLE DE RIS-ORANGIS ; ATELIER LUMA ; CNRS UNISVERSITÉ DE STRASBOUG JARDIN DES SCIENCES

ÉQUIPE : SOC, SHAA, BRUNO LATOUR

MISSION : CONCEPTION D’ATELIERS, ANIMATION, RESTITUTION, CARTOGRAPHIES

PROGRAMME : ATELIERS CITOYENS DE DESCRIPTIONS DE TERRITOIRES ET D’ÉCRITURE DE CAHIERS DE DOLÉANCES

LOCALISATION MULTI-SITES : RÉGION CENTRE-LIMOUSIN, ARLES, RIS-ORANGIS (IDF), BRÉZOUARD (ALSACE)

BUDGET TOTAL : 150000€

DATE : DEPUIS 2020 (EN COURS)

ROLE DE SHAA/SOC : AUTEUR