Ecosystème Brains

Le projet de la ZAC des Cartrons doit combiner des enjeux contradictoires à l’échelle territoriale (accessibilité et proximité de Nantes qui motivent le développement urbain mais aussi des grands espaces ouverts à préserver dans une perspective de sxobriété foncière) et à l’échelle de la commune (un désir de ruralité énoncé par les habitants dans la précédente consultation alors que la commune est largement constituée de lotissements classiques). Ainsi, peut-être plus ici qu’ailleurs, les pratiques de l’aménagement sont confrontées aux défis d’aujourd’hui. Comment réconcilier les territoires où l’on vit et ceux dont on vit (lieu d’habitation, lieu de travail, lieu de consommation), mais aussi ceux imaginés de ceux de la réalité ? Cette dimension économique, sociale et politique, devra être également articulée avec celle environnementale. Face à la recrudescence de paysages en ruine, infertiles, ou épuisés, il s’agit de redonner au territoire des dimensions vivantes, cycliques, temporelles pour éviter les impasses des projets modernes. Comment regarder les sols et les vivants avec les bonnes focales pour réaliser un projet à leurs mesures ? Ces questions doivent nous pousser à chercher de nouvelles alliances : écologies, sciences de la Terre et des écosystèmes, biologie, etc. Elles doivent aussi nous pousser à remettre en question nos automatismes.

Le sol est un milieu dynamique, une épaisseur fragile, construite sur le temps long par les vivants, et dont leur survie et la nôtre dépendent. L’enjeu du projet est bien un projet de sol, non pas au sens (que) de surface à aménager, mais d’épaisseur à ménager, reconstituer ou amplifier. Le foncier est une dimension de ce sol qui est bien plus riche et complexe (il concentre les fonctions de stockage carbone, des 50% de la biomasse de surface, de recharge des nappes, et de nutriments et minéraux, etc). De plus, Les temps de la pédogenèse (constitution des sols) sont infiniment plus longs que ceux des prospectives humaines limitées à quelques années ou quelques décennies. L’érosion ou la contamination qu’il subit et qui mettent à risque l’habitabilité de la Terre pour les futures générations (à court terme) doit nous inciter à changer de paradigme. 

Concernant la définition d’un plan guide, nous proposons une méthode pour générer un plan organisationnel, où la forme n’est que le résultat provisoire d’un process, ce qui compte étant la fabrique d’un mode d’habitabilité inspiré des écosystèmes : un plan écosystème pour des plans potentiels. Ainsi, la forme ne préexiste pas au process. La méthode à suivre permet de coconstruire des plans potentiels logiques et où chacun peut s’insérer dans le process. Cette approche permet une gestion du temps long, une agilité vis-à-vis des changements, des aléas, et des risques liés à la crise environnementale engendrée par la perturbation des écosystèmes, mais aussi aux aléas liés aux rythmes d’acquisition foncière (le projet s’y adaptera). Le plan est donc flexible, mais robuste dans sa méthodologie. : il sera possible de revenir sur certaines étapes, les actualiser, sans pour autant changer le principe et l’approche écosystémique.