Atlas des zones critiques

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Le concept de zone critique (ZC) désigne la couche habitable de la Terre, « entre les roches et le ciel ». Les observatoires de la zone critique (OZC) sont situés dans des paysages choisis comme sentinelles des perturbations environnementales afin d’étudier l’eau, le sol, l’air, les organismes vivants et leurs interactions, dans lesquels les processus sont étudiés à toutes les échelles de temps (ou paysages temporels). Les OZC sont des lieux hautement instrumentés, dotés de capteurs permettant de surveiller l’appauvrissement des sols, la pollution chimique de l’eau, la perte de biodiversité, sur le long terme et la manière dont ces processus sont couplés et interfèrent dans les lieux de vie (Brantley 2007, 2017). Ce projet de recherche-développement s’accompagne d’une expérimentation cartographique pour trouver les bons « référentiels » pour visualiser cette zone critique. Les cartes ainsi générées dans cette recherche interrogent les systèmes de visualisation traditionnels qui omettent une grande partie des vivants, ou animés (incluant roches, eaux, sols), en proposant des schèmes cartographiques (spatialement et temporellement situés) qui émergent à la fois des humanités et des sciences de la Terre et de la Vie. Afin d’approfondir ce sujet avec les sciences de la Terre, la thèse soutenue à l’Université de Manchester (SHS architecture) proposait des définitions alternatives de la Nature au travers des pratiques et découvertes de la zone critique. Nous avons suivi des scientifiques au travail pour comprendre comment leurs pratiques conduisent à une nouvelle compréhension de la Terre. Un livre est en cours de publication chez B42 (sortie prévue en 2024), il est le résultat de cette recherche, et enrichi par les récits d’expériences de travail avec des scientifiques de la zone critique. 

Le projet vise à créer un atlas innovant dédié à la cartographie des observatoires de la zone critique, de nouveaux cosmogrammes pour penser la Terre, l’architecture et la science ensemble. Il contribue à renouveler l’architecture à l’échelle planétaire, en l’ancrant dans les problématiques terrestres. L’Atlas propose des représentations alternatives (la vue de la zone critique du globe inversé, les cycles) pour concevoir des territoires avec la recherche scientifique. Grâce à la cartographie des capteurs des scientifiques, l’Atlas rend visible les éléments, agents et entités qui composent les paysages, permettant ainsi d’accroitre les connaissances et d’améliorer les pratiques écologiques dans le domaine de l’architecture. 

La zone critique est un mouvement scientifique récent d’étude plus systémique de la pellicule habitable de la Terre. Cette initiative, venue des sciences de la Terre, change totalement notre manière de l’étudier et d’en concevoir l’habitabilité. Ce projet vise à créer un atlas innovant dédié à la cartographie des observatoires de la zone critique, ces lieux instrumentés dont se sont équipés les sciences de la zone critique, comme de nouveaux cosmogrammes pour penser cette nouvelle Terre. L’Atlas propose des représentations alternatives pour renouveler la compréhension des territoires à l’échelle planétaire, y introduire les cycles biogéochimiques. Grâce à la cartographie des capteurs environnementaux, l’Atlas rend visible les éléments et entités qui composent les paysages, permettant ainsi d’accroître les connaissances et d’améliorer les pratiques écologiques. Il sera un « objet frontière » entre sciences naturelles, SHS et territoires. L’Atlas comportera différentes sections, avec des cartes métrologiques permettant de rendre visible des existants qui ne sont pas représentés dans les cartes géographiques actuelles. L’Atlas des zones critiques s’appuiera sur les capteurs (notamment des programmes CRITEX et TERRA FORMA), les instruments scientifiques, mais aussi les corps-capteurs. Cette démultiplication des points de vue devrait désormais se lire sur les cartes que nous utilisons pour comprendre le monde, la nature et la Terre. Nous appelons à mettre en place des cartes de flux et de mouvements en interactions. Ces cartes suivront ainsi les innovations technologiques et méthodologiques en métrologie de l’environnement qui s’inventent dans les observatoires de la zone critique et des Zones Ateliers. Les thèmes qui seront intégrés dans l’Atlas en fonction de chaque territoire enquêté, mobilisent les chercheurs de différentes disciplines, traduisant de façon holistique leur interaction. L’Atlas agira comme objet frontière capable de « traduire » la zone critique et de représenter données, processus et concepts complexes pour favoriser le dialogue et le partage de connaissances.