Gecekondus 

En turc, “Gecekondus” se traduit par “poser dans la nuit”. Ce terme désigne les quartiers spontanés des villes turques. Patrimoine matériel et immatériel, il est urgent de les considérer et d’apprendre les leçons urbaines qu’ils peuvent nous enseigner, face à leur destruction par la promotion immobilière construisant des tours sans âmes. Les Gecekondus rivalisent d’ingéniosité : s’implanter dans les pentes, gérer les relations publics-privés par une diversité de dispositifs liés à des modes de vie en extérieur qui risquent de disparaitre, inclure des espaces jardinés entre les venelles et ruelles piétonnes qui desservent les unités d’habitations. Le quartier, comme un organisme vivant, croît selon ses capacités d’accueil, en utilisant les ressources avec parcimonie : la récupération de l’eau est primordiale, des arbres fruitiers et des potagers s’insèrent dans les creux, les matériaux de récupération trouvent un nouvel usage.

Le travail de l’architecte viserait à améliorer les conditions d’existence de ces formes urbaines : améliorer le confort thermique des unités d’habitation (système de chauffage), mettre en place un réseau d’assainissement et d’arrivée d’eau potable, accentuer la mutualisation des services (mutualisation qui est déjà dans les mœurs), ramener des matériaux durables à la construction des habitations (bois, isolation paille, terre), et enfin inscrire la forme de ces quartiers dans les documents d’urbanisme afin de les protéger.